Bon, il n'est nul besoin de présenter une fois de plus ce qui constitue l'une des plus belles vagues de froid (si ce n'est la plus belle, selon notre lieu de résidence) des 25 dernières années. Son seul défaut en ce qui concerne la
Grande Thiérache -que l'on peut en première approximation assimiler à l'Ardenne occidentale- aura été son caractère incroyablement peu neigeux se limitant à une chute unique n'ayant pas apporté plus de
5 cm dans la région. Ce fut bien entendu nettement plus remarquable en ce qui concerne le niveau des températures puisque nous avons connu 15 jours sans dégel entre le 29 janvier et le 12 février, le "mercure" oscillant le plus souvent entre
-5° et
-12° avec deux matinées, les 4 et 7 février, où les
-15° (et même un peu moins) furent atteints en de nombreux endroits de notre secteur, du moins puis-je le supposer. Cela étant, nous ne marquons là aucune différence sensible avec les régions environnantes, celles plus à l'Est ayant davantage bénéficié des effets directs de la pulsion froide et les autres ayant été plus enneigées!
Nous nous serons donc situés dans une "honnête moyenne" au cours de cette vague de froid belle mais... incomplète! A l'inverse nous avions sans doute été dans les plus gâtés, au moins parmi les régions basses, pour ce qui est de l'enneigement et du froid en décembre 2010. On ne peut pas "gagner" à tous les coups!
Attaquons donc tout ceci de la plus chronologique des façons qui soit...
* Nous commençâmes par trois jours sans dégel les 29, 30 et 31 janvier. Trois journées grises au cours desquelles un floconnage insistant mais irrégulier finit par blanchir la plupart des surfaces en Botte du Hainaut, sans épaisseur significative toutefois, mais déjà un peu moins en Avesnois. Conséquence de ce froid déjà installé (mais pas encore vif bien que le vent fût d'ores et déjà très sensible), de sympathiques structures glacées commencèrent à pouvoir être observées près des ruisseaux et rivières comme ici sous le pont du Riamé à Solre-le-Château le 31/01/12 :
* Le premier février le froid s'accentua (on approche les
-10° au petit matin) et le ciel se dégagea alors que le vent de NE soufflait toujours vigoureusement :
En conséquence de quoi il fut possible d'observer la formation de glace à proximité de l'Helpe Majeure, rivière qui était elle-même libre de toute glace par ailleurs :
Le soir venu, un coucher limpide succéda à une journée tout aussi limpide. Il va sans dire que les humides prairies thiérachiennes noyées par les plus de 300 mm de précipitations accumulées sur décembre-janvier commencèrent à se figer totalement sous la forme de miroirs gelés :
* Le 2 février les choses se gâtèrent et la température tomba sous les
-10° au petit jour. Le canal de dérivation de l'Helpe Majeure était déjà en grande partie figé :
Au coucher du soleil l'empreinte glaciale s'affermit dans les prairies par une température d'environ
-6°/
-7°, sans que le vent relâchât son étreinte :
* Nouveau matin clair et plongeon vers les
-12° en ce 3 février! La glace fit son apparition de manière significative sur l'Helpe Majeure, ici près de Saint-Hilaire-sur-Helpe, là où se situe la station MF qui représente le secteur :
En fin d'après-midi les conditions changèrent radicalement et une brève tourmente (environ 2 heures) vint nous déposer environ
5 cm de neige par une température se promenant aux alentours de
-6°/
-7° dans le vent toujours plus que frais :
Sur les coups de 22h le ciel se dégagea, il n'y avait plus de vent. Commença alors une longue nuit claire et froide...
* Ambiance irréelle au matin du 4 février! Nous atteignîmes l'un des deux pics d'intensité de cette vague de froid, la température s'étant abaissée à
-16.1° à la station MF de Saint-Hilaire-sur-Helpe. Dans le même temps la VP2 d'
Hestrud, presque sur la frontière avec la Belgique, aura relevé
-17.9°. Ses archives 2012 ne sont malheureusement pas encore consultables...
Bref, il faisait bien froid et l'avesnois décor était confit dans une mince gangue de neige, pétrifié dans le blanc et insensible aux timides caresses d'Hélios :
Je peux témoigner avoir vu ce même jour le lac du
Val-Joly, tout près de la frontière belge, entièrement pris par la glace à l'exception d'une toute petite partie en son centre où l'on pouvait voir se regrouper les oiseaux en grand nombre. Il ne me fut malheureusement pas possible de prendre de cliché à cette occasion...
Juste au-dessus du lac, entre Eppe-Sauvage et Montbliart, au cœur des grandes forêts transfrontalières :
Ensuite, ensuite... ensuite Chronos (et non Kronos/Cronos) s'immobilisa en Botte du Hainaut, pour quelques jours du moins. Le ciel demeura invariablement bleu et la température oscilla entre
-15° et
-5°, sans grande fantaisie. Le vent de NE ne ferait pas preuve d'originalité, lui non plus...
* Comme pour cette balade forestière le 5 février :
La neige se sublima rapidement et c'était déjà fort visible pour le coucher au soir de cette même journée :
* 6 février, RAS. Toujours aussi froid et une journée qui s'acheva encore dans une trop grande limpidité :
* 7 février, permanence. Ah si! On put noter une petite nouveauté avec la présence d'un léger pilier solaire en fin de journée :
Les autres paramètres, eux, ne varièrent pas. Tout au plus put-on prendre acte du délitement progressif de notre petit manteau neigeux...
* 8 février : invariabilité et repos. Il en faut bien, parfois!
* 9 février : retour aux glaces avesnoises, en moyenne un peu moins froides que leurs homologues hainuyères en raison de l'altitude un brin plus modeste. On rattaqua donc avec un raisonnable
-10° aux premières lueurs du jour :
Petit tour du côté de Flaumont-Waudrechies (station de référence Vigicrues pour Avesnes) et de son moulin de la marbrerie, toujours le long de l'Helpe Majeure :
Tranquillité vespérale ennuagée et "seulement"
-3° :
* 10 février, jour magique. Pour la seconde fois le vent desserra sa glaciale étreinte et, grâce à une humidité enfin revenue, la nature avesnoise scintilla de mille paillettes après la dissipation du brouillard survenu en toute fin de nuit. La température ambiante de
-11° (sur le haut de la colline, pas dans le fond de la vallée) en aurait presque été rendue supportable. Retour à la case Saint-Hilaire-sur-Helpe, donc :
Etant donné que l'on relevait encore
-10° aux alentours de 10 heures le givre aura persisté sans trop de difficulté contrairement à ce qui se produit habituellement dès la sortie des premiers rayons de soleil dans nos régions de basse altitude.
* 11 février, déception! Malgré des conditions qui semblaient nous autoriser à retrouver la givrée magie de la veille, nous n'eûmes droit qu'à l'implacable morsure du froid sec :
-12°, encore! Ultime retour vers Saint-Hilaire :
Les choses se précisant sur les modèles, je savais que c'était ma dernière opportunité de saisir un coucher sur les glaces des prairies avesnoises et je ne la laissai donc pas passer malgré la température d'environ
-6° :
* 12 février, ce sera également la dernière visite au moulin de Flaumont-Waudrechies. Il était désormais acquis que notre vague de froid refluerait inéluctablement mais, pensait-on, de manière suffisamment graduelle pour nous laisser voir encore quelques jolies manifestations hivernales... Il faisait environ
-12° au terme de cette toute dernière très froide nuit :
* 13 février, soupe à la grimace! La neige tant espérée, sans nous faire faux bond, n'aura pas été au rendez-vous dans les proportions attendues. Nous n'aurons eu droit qu'à un demi-centimètre très vite balayé par une pluie froide. Autant dire que cet épilogue laissera sans doute un petit goût amer aux hivernophiles locaux. Moins toutefois qu'à ceux qui auront subi de plein fouet les conséquences de cet assaut majeur du Général Hiver :
Au-delà du manque de neige qui fera que cette vague de froid me laissera une légère sensation d'inachèvement, je dois dire que j'aurai tout de même fort goûté cette succession de jours de grand froid sec et ensoleillé. Pas au point de surclasser les souvenirs de janvier 85, février 86, janvier 87, décembre 96-janvier 97, février-mars 2005 et décembre 2010 toutefois... Mais chaque période froide a sa singularité et aucun homme ne traverse deux fois le même hiver!
Merci et bravo à tous les courageux qui sont parvenus jusqu'à cette conclusion!
G.