Il est un peu difficile de savoir par où commencer quand les souvenirs sont si frais et les sensations si fortes, sans doute s’agit-il là des conséquences de l’amateurisme qui est le mien en la matière… Il faut cependant admettre que, pour qui n’est pas traqueur de monstres, il n’est nécessairement pas aisé d’appréhender ce genre de bébête dans toutes ses dimensions.
Quoi qu’il en soit, pour faire simple, je vais vous narrer brièvement les événements tels que je les ai vécus, avec mon regard de profane. Les « pros » rectifieront d’eux-mêmes toutes mes approximations et mes erreurs éventuelles. Après tout, je ne suis guère coutumier de cet exercice.
Il était donc environ 14h30 en ce jour de Fête Nationale, et une bonne partie de l’Hexagone se trouvait placée en vigilance orange par MF ; c’était, entre autres, le cas du département du Nord pour lequel l’organisme national précisait bien que c’était avant tout sa moitié orientale qui risquait d’être concernée par des phénomènes orageux conséquents. Appréciation des plus correctes. Les sites de Météo-Belgique, Keraunos et Estofex, eux, avaient carrément tous placé le secteur de l’Avesnois ainsi qu’une bonne partie du Hainaut, de l’autre côté de la frontière, en état de vigilance maximale suivant leurs codes respectifs. Autant dire que tout le monde avait cerné un potentiel très important de phénomène extrême.
Pour ma part, je surveillais attentivement l’évolution de la situation via les observations issues de différents forums ainsi que par le biais des radars de précipitations et images satellites listés sur météo 60. Il régnait un temps fort lourd sur Avesnes, les 30° avaient été titillés peu auparavant et le ciel s’assombrissait nettement. Une structure intéressante était apparue sur les radars de précipitations : trois bandes successives de fortes précipitations (en rouge, indiquant une intensité supérieure à 100 mm/h, si mon souvenir est exact) en forme d’arcs étroits se dirigeaient droit sur Avesnes, se déplaçant rapidement du SW vers le NE.
Soit dit en passant, au cas où quelqu’un aurait stocké l’image correspondant à cette situation, j’en suis volontiers preneur afin de la placer ici-même…
Mais revenons à nos moutons : face à cette structure qui m’apparaissait comme inhabituelle, me vint l’idée d’aller vite chercher un lieu d’observation suffisamment dégagé afin d’être en mesure de photographier toute beauté céleste ayant la bonté de bien vouloir me tomber sous l’objectif. Et c’est là que je ne fus pas déçu, c’est un doux euphémisme !
Les panos qui suivent sont issus de clichés pris pendant un intervalle de temps de 7 minutes, entre 15h04 et 15h11. Après… Je vous laisse juges :
Quelques gouttes se mirent alors à voleter et le vent, déjà soutenu à mon arrivée sur les remparts proches du palais de justice (j’avais omis de le préciser), se renforça soudainement. Mû par une sorte de sixième sens –et sûrement impressionné par l’avancée rapide de la « bête », aussi ; à moins qu’il ne se soit agi de l’antédiluvienne tout autant que gauloise crainte que le ciel ne me tombât sur la tête- je pris mes jambes à mon cou et courus vers mon domicile, que j’avais laissé toutes fenêtres ouvertes puisqu’étant parti précipitamment, comme un dératé. Sur le court trajet de moins d’un kilomètre me ramenant à mon nid douillet les éléments eurent déjà le temps de se déchaîner de manière marquante : dans une rue en pente que j’empruntai aléatoirement, je vis littéralement voler des bouteilles plastiques animées de ce qui me sembla être un mouvement tourbillonnaire sans doute dû à l’étroitesse de ladite rue, provoquant une sorte d’effet Venturi si je ne m’abuse… Qu’importe, je ne pris pas le temps de m’arrêter ! Pas même pour observer les badauds manifestement décontenancés par la tournure des événements… En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire je fus chez moi et limitai ainsi, heureusement, les dégâts domestiques à quelques menus objets éparpillés et un peu d’eau dégouttant depuis mes fenêtres, sans excès. Il était grandement temps puisque la suite fut tout simplement dantesque avec près de deux heures de très fortes pluies orageuses (les grondements étaient réguliers mais peu d’éclairs furent visibles, avec toute cette eau !), le vent décroissant assez rapidement, me sembla-t-il, mais je ne peux l’affirmer trop catégoriquement. Durant ce long temps il y eut plusieurs petites coupures de courant et c’est là que je perdis ma connexion Internet. Ce qui est la cause de ce récit tardif bien que, d’un autre côté, je puisse me réjouir que cela m’ait permis de rédiger le présent texte posément
Vers 18 heures je sortis de chez moi pour saisir un possible arc-en-ciel à la toute fin de ce passage pluvieux. Il n’y en eut pas, mais j’observai quelques dégâts modérés :
Peu après 21 heures je quittai de nouveau mon domicile dans l’espoir de capturer un coucher de soleil qui ne vint jamais du fait d’une nébulosité finalement trop abondante. En revanche je pus prendre à la volée quelques autres clichés des dégâts à proximité de chez moi, mais en d’autres lieux que lors de ma première sortie. Sur le coup, je ne mesurai toujours pas l’ampleur de la « chose » et je crus qu’il n’y avait pour l’essentiel que des poubelles renversées et une majorité de branches grosses et moyennes jonchant les sols, un peu partout. Sans négliger les feuilles prématurément jaunies par la sécheresse des trois derniers mois, toutes soufflées et répandues à terre sans égard. Je ne constatai « qu’un seul » arbre couché, aperçu de loin dans la déclinante lumière de ce gris couchant :
Le lendemain matin, toujours guidé par mon tropisme solaire, je m’en allai capturer un trop clair lever d’Hélios avec une conscience un peu plus aiguë de la possibilité de mieux illustrer les conséquences du coup de tabac de la veille, suite à une conversation téléphonique instructive qui avait eu lieu dans l’intervalle. Le lever fut bien fade mais les dégâts observés dans le parc sis en contrebas de la collégiale d’Avesnes furent, eux, nettement plus intéressants :
Un peu plus tard, en milieu de matinée et en plein « centre-ville » (Avesnes-sur-Helpe ne compte que 5000 habitants, environ, et est à ce titre la plus petite sous-préfecture du département du Nord) :
Puis, en début d’après-midi, dans un secteur situé non loin de la gare. Il est intéressant de noter la façon dont quelques grosses branches sont à même de faire plier comme du papier la rambarde en fer forgé que vous voyez ici, sur un pont dominant l’Helpe Majeure. Observez aussi l’état du mur et de ses briques :
Il me semble avoir fait, en photos, le tour de la question, tout du moins en Avesnois. Je vous propose également quelques scans issus de l’édition du 15 juillet d’un journal local, La Voix du Nord :
Cependant, par souci d'éviter le déplorable avesno-centrisme, je ne crois pas inutile d'aller voir ce qui a pu se produire chez les proches voisins d'outre-Quiévrain, la Botte du Hainaut pouvant être considérée comme présentant une sorte de gémellité avec l'extrême sud-est du département du Nord...
Tout d'abord je vous présente deux vues d'un arcus qui n'est pas sans me rappeler quelque chose. Il a été pris à Sautin, à environ 20 km d'Avesnes à vol d'oiseau, près de 20 minutes après celui que j'ai pu photographier. Je tiens à remercier ici Catherine pour l'aimable autorisation qu'elle m'a accordée
Puis, un lien sur une Photolive explicite :
http://www.infoclimat.fr/multimedia/?photoid=104156&d=&dept=®ion=&motcle=&start=72&auteur=&ord=
Et enfin, des articles issus de La Gazette, un quotidien de Charleroi :
Toute proposition visant à enrichir ce bref aperçu des événements est évidemment la bienvenue.
Ceux qui sont intéressés par les caractéristiques géographiques et climatiques locales peuvent s’en faire une idée un peu plus précise en allant jeter un coup d’œil sur le site meteo-avesnois (http://meteoavesnois.e-monsite.com/rubrique,le-climat-de-l-avesnois,84444.html), par exemple.
Pour ceux qui sont encore là, merci d’avoir eu la patience de lire ma prose indigeste jusqu’au bout !
G.